Pierre CAUCHON est né près de Reims vers 1371. Issu d'une famille aisée, il fait de fortes études. Il est maître ès arts, licencié en droit canon, docteur en théologie. Il entre comme théologien à la Sorbonne dont il devient recteur en 1403. Comme beaucoup de ses collègues de l'université, il souhaite une réforme de la monarchie française. Jean sans Peur lui paraissant apte à cette tâche, il se rallie au parti bourguignon. En 1412, il fait partie des douze "sages" chargés d'appliquer les mesures de rigueur contre les Armagnacs. Un an plus tard, il joue un grand rôle dans le mouvement "Cabochien" qui capture les officiers du dauphin, après avoir pénétré, les armes à la main, dans la chambre de ce dernier. Mais les excès des Cabochiens, particulièrement les 28 avril et 22 mai 1413 poussent les parisiens à ouvrir les portes de Paris aux armagnacs. Pierre Cauchon est banni. Le duc de Bourgogne accueille ce bon serviteur. Il en fait son ambassadeur au concile de Constance (où il n'hésite pas à faire l'apologie du meurtre du duc d'Orléans), puis en 1418 le nomme maître des requêtes. Le nouveau duc, Philippe de Bourgogne le nomme évêque de Beauvais. Après le traité de Troyes, Pierre Cauchon se rallie aux Anglais. Il devient même conseiller du duc de Bedford qui exerce la régence au nom d'Henri VI. A Beauvais, Cauchon dépend, non d'un archevêque français, mais du terrible cardinal Anglais Winchester. Poussé par son désir de poursuivre sa brillante "carrière", Cauchon se dévoue totalement au cardinal. En 1429, il est chassé de son diocèse par les partisans de Charles VII. Réfugié à Rouen, il en convoite l'archevêché alors vacant. La capture de Jeanne d'Arc devant Compiègne, c'est à dire dans le diocèse de Beauvais lui procure une bonne occasion d'arriver à ses fins. Il réclame par une lettre au roi d'Angleterre le droit de la juger. Le 14 juin 1430, le régent Bedford lui donne une réponse favorable. Il assigne Jeanne devant ses tribunaux ecclésiastiques, allant jusqu'à proposer de l'acheter pour 10000 livres. La Pucelle lui est livrée. Il s'applique alors à mener le procès dans le strict intérêt des Anglais. Il s'entoure d'une foule d'assesseurs, de conseillers, d'avocats et d'enquêteurs, et choisit parmi les théologiens et les canonistes de la Sorbonne, les abbés des monastères normands et les chanoines de Rouen les plus dévoués à la cause anglaise. On s'entend pour déguiser le procès politique en procès d'hérésie. Le 28 mai 1431, après un mois d'interrogatoires préliminaires et deux mois de procès, Jeanne d'Arc est déclarée relapse et digne du dernier supplice. Livrée aux anglais, elle est brûlée vive.
Pierre Cauchon est mal récompensé. En 1432, au lieu de l'archevêché de Rouen convoité, il reçoit celui de Lisieux. Il abandonne ses fonctions à l'Université de Paris pour rassurer les chanoines rouennais. Il reste pourtant un haut fonctionnaire, une personnalité éminente de l'administration anglaise. En 1435, il est l'ambassadeur d'Henri VI au concile de Bâle, où il lui est réclamé, sous menace d'excommunication, quelques dettes contractées auprès de la Cour de Rome. Commissaire du roi aux Etats de la Basse-Marche, il préside les Etats de Normandie en 1437. En 1439, il est en angleterre, à la Cour, et, en 1440, assiste à Calais à la convention préliminaire du traité de paix. En 1441, il accompagne, au nom du clergé, le duc d'York, gouverneur de normandie et fait son entrée solennelle dans la cathédrale de Rouen.
Le 18 décembre 1442, Pierre Cauchon meurt d'une attaque d'apoplexie dans les mains de son barbier, dans son magnifique hotel particulier de Rouen. Il est inhumé dans l'ancienne cathédrale de Lisieux. Quelque temps avant sa mort, il avait fait construire dans la cathédrale une chapelle consacrée à la Sainte Vierge.